PAM et Artistes Producteurs Associés présentent : Looking for Saadiya, un évènement qui investit le 23 juin l’Institut Français de Tunisie. Au programme : Musiques de possession, danse des esprits, Dj set et photographie contemporaine. Présentations.
Une ruelle sombre de la vieille ville de Tunis, un étrange personnage au masque pointu décoré de cauris, qui danse et chante en langue haoussa, pour attirer les passants, amuser ou apeurer les enfants… « Mi-croquemitaine et mi-sorcier, Bou Saadiya évoque, par sa gestuelle et sa musique, les danses populaires d’Afrique Noire. Littéralement, Bou Saadiya signifie le père de Saadiya » nous explique Augustin Le Gall. Un pied à Paris, l’autre à Tunis, le photographe documente les rites de possessions thérapeutiques tunisiens depuis désormais près de quinze ans. « Le mythe de Bou Saadiya raconte l’histoire de ce père, dont la fille, Saadiya donc, aurait été enlevée et vendue comme esclave. Parti de son village, l’homme voyage jusqu’en Afrique du nord, traversant le désert, errant de rues en rues, de places en places, de villages en villages pour divertir les enfants dans l’espoir de retrouver sa fille parmi les jeunes spectateurs. »
La symbolique du Bou Saadiya innerve aujourd’hui une large partie du folklore tunisien. Figure cathartique, hautement mystique, il hante un rituel de transe qui soigne et délivre, célébré notamment par les communautés noires de Tunisie : le Stambali. Projet transdisciplinaire, Looking for Saadiya convoque justement dans un même événement photographie, musique ou vidéo autour du Stambali. « L’idée est de réunir plusieurs artistes impliqués à différents niveaux dans la pratique ou la transmission de ce rite » poursuit Augustin.
Mercredi 23 Juin à partir de 19h30, l’Institut Français de Tunisie accueille – en partenariat avec PAM et la maison de production A.P.A. –, un premier montage exclusif du projet Looking for Saadiya, avec des photographies d’Augustin Le Gall, une performance live de la troupe Sidi Ali Lasmar emmenée par Riadh Ezzawech, un des derniers médiums tunisiens en charge des cérémonies Stambali.
Le musicien Ghoula, qui signait en 2020 « Bambara », morceau hommage au culte Stambali, sera également de la party, avec un Dj set designé sur-mesure pour l’occasion. Récemment récompensé du 3ème Prix RFI Instrumental, Wael « Ghoula » Jegham a concocté une sélections de morceaux et de boucles dédiées à la transe : « les populations déplacées par l’esclavage ont également déplacé leur musique » explique le producteur. « Les rythmes nés en Afrique subsaharienne se retrouvent ainsi dans le Stambali en Tunisie, mais également dans certaines musiques d’élévation, au Brésil ou au Yémen. Mon set tentera de rendre compte de cet exil musical avec des allers-retours, dans une forme de longue balade sonore impressionniste. »
L’événement sera également l’occasion de présenter les premiers extraits de la série documentaire Stambali, dernière danse des esprits. Un film-documentaire en trois volets dédié au stambali (réalisé par A. Le Gall et T. Pillault), qu’on vous mijote depuis des mois ! Stay sharp, les esprits africains et Bou Saadiya n’ont pas fini de danser.
Looking for Saadiya, Voyage dans l’univers du Stambali, mercredi 23 Juin à partir de 19h30, Institut Français de Tunisie, 20-22 avenue de Paris, Tunis, Tunisie.